L'équivocité des signes linguistiques est souvent considérée comme un défaut des langues dites naturelles. Cependant, loin d'être un accident indésirable survenu au cours de la communication, la plurivocité est non seulement inéluctable mais résulte en dernière analyse de l'opération même de prédication, qui consiste à assigner à un terme donné des qualités ou des rapports variables d'un énoncé à l'autre et d'une situation contextuelle à l'autre. Si dans l'antiquité grecque les discussions sur l'un et le multiple, l'être et le non-être, le même et l'autre, aboutissent à une première théorie de la prédication, l'équivocité, intentionnelle du moins, se voit attribuer un rôle négatif dans l'échange communicatif. L'équivocité néanmoins nous révèle la propriété du langage d'installer des relations entre les termes souvent inattendues et imprévisibles, assurant par là la possibilité infinie de la signification.