La problematique du gout occupe une place difficile a negliger dans la pensee de Rousseau sur le beau ainsi que les beaux-arts, problematique que l'on n'a pas encore eclaircie suffisamment. En analysant d'abord la theorie du gout dans le livre IV de l'Emile, nous constatons l'approfondissement de la possibilite a la fois esthetique et sociale que cette faculte comportait depuis son origine au 17 eme siecle. Ensuite, nous voyons comment cette theorie s'insinue et se developpe dans ses autres ecrits concernant le beau et les beaux-arts. En particulier, si la notion de gout trouve sa signification veritable, c'est a travers ses rapports tendus avec celles de sensibilite et de sentiment qui saisissent plus directement derriere le beau l'existence ethique axee sur l'<<amour de soi>> moral. Tout en ecartant la suprematie du gout a cause de sa distanciation a l'egard de l'objet esthetique, Rousseau ne refuse pas necessairement sa collaboration riche et ideale avec le sentiment qui ne saurait s'actualiser dans la societe que grace a la raison. Ainsi le gout s'integre solidement comme supplement rationnel pour le sentiment dans son esthetique ou il s'agit avant tout de la communion morale de sentiment avec les autres semblables.
