フィクションとしてのデュラス『愛人』の成立 : IMEC草稿群に見る『愛人』成立過程(研究論文)

抄録

Il est connu que L'Amant devait d'abord <<courir tout au long d'un album de photographies>>. Mais oeuvre publiee n'a aucune photo. Marguerite Duras avoue que, pendant l'elaboration, <<cette image, cette photographie absolue non photographiee est entree dans le livre>>, et qu'elle a trait a <<la traversee du fleuve [=le Mekong] sur un bac>>. Cette image qui <<doit sa vertu, celle de representer un absolu [...]>> a <<ce manque d'avoir ete faite>> (L'Amant, p.17) sera desormais le <<fil conducteur>> (Aliette Armel) du texte. Ainsi, selon Armel, la disposition des fragments au debut de l'oeuvre prouve sa genese : <<Les premieres lignes du texte evoquent [...] la situation qui a servi de <<declencheur>> et provoquent chez l'auteur le desir d'ecrire sur son passe : un homme fait une reflexion sur revolution de son visage et affirme le trouver plus beau aujourd'hui qu'autrefois. Il renvoie ainsi Marguerite Duras a une image d'ellememe [...]>> (Marguerite Duras et l'autobiographie, p.16) Mais apres avoir examine les epreuves conservees a l'IMEC, sa genese s'avere differente : un fragment de photographie reelle se trouve au debut de la premiere (DRS4.2) a la derniere (DRS5.1). C'est la photo prise dans la cour de la villa d'Hanoi, et appelee dans L'Amant <<la photo de desespoir>> : <<Je reconnais l'endroit. C'est Hanoi. C'est la cour de la maison que ma mere vient d'acheter sur Le Petit Lac. [...]>> (DRS5.1, Archives IMEC) Tandis que les epreuves temoignent du plan initial, elles nous font suivre la difficulte que l'auteur aurait percue en essayant d'ecrire a partir de la photo. Elle a enfin abandonne le plan. Pendant peu de temps, de la derniere epreuve a la publication, elle a divise le fragment en deux, et l'a insere parmi d'autres. Et pour le remplacer, elle a reconstitue la disposition des fragments comme la genese <<fictive>>. Il est interessant que Duras, desirant ecrire sur elle-meme, nous propose la genese comme fiction.