2009 年 94 巻 p. 119-131
Parmi les contemporains de Bergson, non seulement la droite nationaliste, conservatrice, adversaire du systeme parlementaire mais egalement la gauche antiparlementaire, revolutionnaire ou anarchisante manifesterent chacune leur faveur pour un bergsonisme exaltant l'elan vital. S'agit-il d'une alternative <<discussion democratique ou action immediate>>, c'esta-dire <<langage ou violence>>? Derriere cette interpretation du <<Bergson politique>>, le voit-on, il y a celle de la theorie bergsonienne du langage. Lorsqu'il oppose l'abstraction symbolique a l'attraction metaphorique, l'<<accroissement du revenu de l'annee>> au <<capital indefiniment productif d'interets>>, Bergson analyse la question du point de vue economique. Or, Georges Sorel - on le considere trop souvent comme penseur de la violence et comme deformateur de Bergson - oppose de son cote la force politique a la violence syndicale economique, de sorte qu'il y voit une opposition entre le langage intellectuel analytique et le langage intuitif image. Bergson et Sorel voyait le meme horizon. Si le langage de la violence chez Sorel se mouvait daps la sphere de l'anarchie economique qui s'ouvre a la fois a la logique du capital et a celle de l'anti-capital, la violence du langage chez Bergson vient de ce qu'on pourrait appeler <<l'analogie originaire>> determinant a la fois l'economie complementaire du langage: sa mobilite et sa fixite.