Japanese Journal of Cultural Anthropology
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Le corps qui faconne l'espace : Reflexion sur l'habitat caravane et la position du corps des Manouches francais
Ryoko Sachi-Noro
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2013 Volume 78 Issue 2 Pages 177-197

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Abstract

Comment le corps, en agissant sur le milieu environnant, faconne l'espace de vie? Quel rapport le corps, qui produit les <<sens>> dans son mouvement, entretient-il avec le logement ou avec l'espace - Pour illustrer ce propos, nous examinerons les caracteristiques fondamentales de l'espace liees a l'habitat en caravane des Manouches et la position corporelle qu'ils prennent dans leur espace de vie. Les Manouches font partie des <<Tsiganes>> (Gypsies en anglais) que l'on appelle aussi <<gens du voyage>>. Dans le cas de la region etudiee ici, les families manouches se sont fixees ii y a une quarantaine d'annees et vivent aujourd'hui la majeure partie de l'annee au meme endroit. Certaines families s'arretent l'hiver et repartent au printemps, mais plusieurs d'entre elles ne voyagent plus, tout en ayant cependant conserve le mode de vie en caravane. Lorsque l'on observe l'organisation spatiale de l'habitat en caravane des Manouches, on note que la caravane est principalement en relation avec la famille conjugale. Pourtant, dans la vie quotidienne de chaque individu, la famille conjugale avec sa caravane ne jouit que d'une autonomie relative dans la mesure oil elle est integree de maniere fondamentale au reseau familial etendu, au groupe familial, compose de plusieurs couples de differentes generations, unies par des liens de sang. Chaque unite residentielle est composee d'un ensemble de caravanes en demi-cercle, avec au centre un espace communautaire partage par les differents membres d'un groupe familial. En general, les Manouches divisent l'espace de vie en deux spheres : l'interieur de la caravane et son exterieur. L'espace de l'habitat en caravane, amenage par cette division interieur-exterieur, montre le rapport complexe entre prive et public, tout en exprimant un processus particulier de construction. Les Manouches structurent leur espace de vie, en integrant dans son ensemble l'espace en plein air qui s'etend autour de la caravane, mais sans delimiter materiellement la frontiere par une cloture ou une barriere. L'espace de vie exterieur de la caravane se compose communement d'une table en plastique installee a cote de la caravane et d'un abri. Cet espace pluri-fonctionnel, lieu de la preparation et de la consommation des repas, de l'hospitalite, du repos et du loisir, est investi a la maniere d'une propriete privee par un groupe familial comme espace domestique. Cependant, l'observation des pratiques quotidiennes permet de constater que chez les Manouches, ce desk d'individualiser leur propre espace prive se conjugue a l'envie de l'ouvrir aux autres membres de la communaute. De fait, cet espace de vie familial fait partie integrante de l'espace collectif partage par les autres habitants du terrain, et ici, on peut trouver la <<position corporelle>> inseparablement liee a la maniere dont les Manouches communiquent ou interagissent avec les autres (a savoir les autres families manouches ou les autres gens du voyage, et les sedentaires que les Manouches appellent <<gadje>>) . Dans l'espace de vie exterieur de la caravane, les Manouches s'asseyent sur des chaises, adosses aux caravanes. En prenant cette position du corps, ils peuvent faire face a l'espace collectif du terrain, et leur espace de vie constitue, en s'ouvrant sur cet espace commun, la sphere privilegiee de la sociabilite. Les individus peuvent voir les autres et etre vus de tous, et exercer facilement un controle sur les autres. Tout le monde communique facilement ici ou la-bas. Cette sphere de la sociabilite est done un espace ou les individus partagent le sens de la <<co-presence>> avec les autres par l'intermediaire des sensations du corps (la vue,

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