La présente étude se voudrait une contribution à l'élucidation du problème de la reprise par
ce N en comparaison avec
le N. CORBLIN a énoncé une hypothèse selon laquelle la reprise par
le N est possible s'il y a contraste entre des domaines lexicaux différents ; sans ce contraste la reprise ne se fait que par
ce N. Pourtant, à travers l'analyse de divers exemples, cette hypothèse s'avère inadéquate. Nous proposons une hypothèse discursive plus globale que la sienne : la possibilité de la reprise par
le N dépend de la stabilité de son statut en tant que référent. Ii s'ensuit que, si le référent n'est pas bien ancré dans l'univers de discours ou s'il n'est pas censé l'être, on doit se servir de
ce N. La reprise par
ce N est donc étroitement liée au contexte précédent. Ainsi, parmi les éléments présents dans l'univers du discours,
ce N extrait un N dont le statut comme référent n'est pas suffisamment établi ou, tout au moins, n'est pas plus solide que ceux des autres éléments. Ce faisant,
ce N assigne au N extrait les propriétés ou les caractérisations décrites dans le context précédent.
En se fondant sur cette hypothèse, notre analyse porte sur les quatre cas de la reprise par
ce N : un
Ni repris par
ce Ni : un
N+
M repris par
ce N; un
Ni repris par
ce Nj ; un morceau de passage résumé et repris par
ce N+M qui peut, de ce fait, se comporter comme argument et qui exprime assez souvent l'estimation de l'énonciateur sur le contenu repris.
L'examen de ces emplois de
ce N nous permet de conclure comme suit :
ce N, dans son ensemble, est un anaphorique contextuel dans le sens où
ce (et
ce N(+
M) quand il s'agit de la reprise d'un morceau de passage) renvoie toujours aux caractérisations ou aux propriétés données dans le contexte précédent.
Notre conclusion tirée de l'examen de
ce N anaphorique pourrait, croyons-nous, s'étendre à son emploi cataphorique et même exophorique.
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