Le présent article a pour but de mettre en lumière la fonction de
en adnominal et les contraintes de son occurrence.
La comparaison des données (1) et (2) nous fait entrevoir la fonction de
en.
(1) a. Derrière l'église il y a une maison. La porte est magnifique et ...
b. Derrière l'église il y a une maison. La porte en est magnifique et ...
(2) a. ?*Derrière l'église il y a une maison. L'apparence est magnifique et...
b. Derrière l'église il y a une maison. L'apparence en est magnifique et...
D'après GIVON (1984), les noms concrets sont plus référentiels (=thématiques) que les nom abstraits. Etant donné que le mot « porte » est un nom concret, il a assez de puissance référetielle (=thématicité) pour renvoyer à la « maison ». Par contre, la puissance référentielle de l'« apparence », nom abstrait, n'est pas suffisante pour renvoyer à la « maison ». Une fois l'« apparence » déterminée par
en, (2) devient acceptable. Ceci nous permet de dire que
en a la fonction d'élever la puissance référentielle du NP qu'il détermine.
Deux contraintes au moins s'exercent sur l'occurrence de
en adnominal, schématisé comme suit :
(3) [... NP1 ...]
S1 [NP2 en V ...]
S2
(4) contrainte s'exerçant sur le rapport entre NP1 et NP2
Plus NP1 et NP2 sont liés intrinsèquement du point du vue sémantique, plus l'emploi de
en sera acceptable.
(5) contrainte s'exerçant sur le rapport entre NP1 et S
2
Plus la prédication effectuée par S
2 concerne les propriétés du référent de NP1, plus l'emploi de
en sera acceptable.
Nous nous posons naturellement le problème de savoir pourquoi l'occurrence de
en est soumise aux deux contraintes. Nous suggérons que les phrases contenant
en sont bi-thématisées au point de vue de la structure sémantique. Cette thèse est confirmée par le fait que les phrases contenant
en sont soumises aux mêmes contraintes que les phrases japonaises à double thème.
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