Il est généralement admis que, pour les conditionnelles si P au procès non accompli qui expriment l'irréel du présent, c'est l'imparfait qui s'impose (si tu n'étais pas là). Mais la réalité linguistique s'avère plus complexe. En effet, il arrive au locuteur de préférer le plus-que-parfait (si votre pauvre père avait pu être avec nous en ce moment) comme dans le cas de l'irréel du passé (si tu avais déjeuné hier à la cantine) ou encore dans celui - apparemment mal connu des grammaires - de l'irréel de l'avenir (si elle était venue demain). Afin d’élucider les facteurs d’ordre épistémique ou pragmatique, susceptibles d’inciter le locuteur à employer la forme composée, nous partirons du fait que, pour pouvoir interpréter une conditionnelle si P comme exprimantl’irréel, l’allocutaire a besoin de penser que, pour le locuteur, non P est un fait réel. L’analyse de divers énoncés hypothétiques nous permettra d’expliquer le recours au plus-que-parfait : par l’emploi de cette forme verbale, plus apte que l’imparfait à marquer sur le plan modal une grande distance de P par rapport à la réalité, le locuteur cherche à présenter P comme clairement irréel.
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