Dans notre article précédent (“Une tentative de lecture de Paris qui dort: vers la constitution d’une Histoire du discours cinématographique”, Iconics, No.55), nous avons démontré, par l’examen de divers articles qui furent consacrés à la première réalisation de René Clair, qu’il se manifestait une notion plus ou moins nette d’auto-réflexivité au cinéma, tant chez le cinéaste que dans une partie au moins des critiques qui envisageaient les caractéristiques de son oeuvre. Le deuxième volet de notre étude se propose d’en élargir le champ de réflexions, lequel portera cett fois sur l’évolution ultérieure de cette problématique, ou plus exactement, sur le déplacement topologique que devait connaître la conception clairienne de l’auto-réflexivité au cinéma, au sein des préoccupations dominantes du discours cinématographique français. Ainsi, nous commencerons par analyser des documents concernant d’une part sa période muette (où l’idée auto-réflexive du cinéma se réalisait le plus clairement chez lui) et de l’autre celle de l’arpès-guerre, au moment où il entame - après une longue absence - sa nouvelle carrière française avec Le Silence esl d’or (oeuvre privilégiée, dans cette optique, avec sa facture de “film dans le film”). Ces analyses nous permettront de constater qu’une sorte de surenchère, qui accompagnait son retour en France et qui le qualifiait de cinéaste le plus typiquement français (et de surcroȋt, ayant admirablement mûri), empêchait du même coup qu’on exploite pleinement, malgré la possibilité évidente qu’offrait ce film, la dimension auto-réflexive qui traversait son cinéma depuis le début.
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