La pensée de Merleau-Ponty est considérée comme la philosophie exemplaire
du corps propre. Mais on pourrait soupçonner son authenticité. Car d’un côté, Merleau-
Ponty néglige la dimension de l’immanence du corps au profit de la transcendance (la
critique henrienne), et d’un autre côté, il supprime la transcendance d’autrui en oubliant
la séparation du soi rivé à son corps d’avec le monde (la critique lévinasienne).
Dans cet article, nous essayons de repenser ce corps propre immanent comme
un « impensé » de Merleau-Ponty, en examinant le statut du « sentiment » dans sa
philosophie.
Selon son « scénario cartésien » (Saint-Aubert), Merleau-Ponty a recherché
l’énigme de l’union de l’âme et du corps en thématisant notre vie des « sens ». Mais ses
réflexions se sont centrées sur la perception comme transcendance, tandis que c’était les
sentiments comme douleur, faim et soif qui sont définitives au sujet de l’union chez Descartes. Dans la pensée qui insiste sur l’ouverture au monde, cette dimension du sentiment
est toujours comme refoulée dans sa présence discrète.
Mais, dans l’explication merleau-pontienne d’« une sorte de réflexion » entre
mes deux mains, il s’avère qu’une main doit « se sentir » touchée par l’autre, et que ce «
se sentir » immanent, « le sentiment passif du corps », c’est ce qui fait mon corps mien,
ma chair chair comme « une chair qui souffre quand elle est blessée ». En mettant ce
sentiment dans l’armature de chiasme comme pour ainsi dire la main dans le fameux «
gant qui se retourne », on pourrait bien apprécier l’immanence et l’ipséité du corps propre
aussi bien que sa transcendance accompagnant ses aventures dans le monde.
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