Jean Gremillon (1901-59) etait musicien avant de devenir cineaste et it a meme compose de la musique de certains de ses films. En effet, on a toujours parle de la musicalite de son cinema. Le plus remarquable, c'est que Remorques (1939-41), mis en musique par Alexis Roland-Manuel, a ete fait allusion a l'opera bien qu'il ne soit pas son adaptation cinematographique, ni un film-opera qui contient des scenes de sa representation. Si Remorques est une sorte d'opera, c'est parce que ce film est meticuleusement elabore au niveau des acoustiques comme par exemple dans la sequence finale evoquant l'agonie de la femme isolee (Madeleine Renaud) par l'oratorio qui commence tout apres sa mort. De plus, la direction d'acteurs et la figuration cinematographique chez Gremillon font apparaitre des secrets caches des comediens, en creant des personnages allegoriques comme celles de l'opera, dans le but qu'on soit invite a porter des hypotheses sur leur identite ou, selon les mots du cineaste, "trouver et rejoindre leur secret". Catherine (Michele Morgan) est plus et autre que ce qu'elle est comme Wotan ou Salome. Remorques, film qu'il existe des personnages operatiques sans voix chantee, peut etre lui-meme defini comme un double de l'opera.

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On a beaucoup parle de la fin de l'intelligentsia tel qu'existait depuis l'affaire Dreyffus. En effet c'est en partie grace a cette relativisation de l'intelligentsia que celle-ci est devenue l'objet de recherche scientifique. Dans le but d'etudier l'intelligentsia de droite qui est beaucoup moins etudiee que celle de gauche, nous trouvons operatoire d'examiner le cas de l'intelligentsia vichyste. Nous avons tout d'abord compare la Revolution nationale de Vichy a ce que Charles Maurras avait concu depuis longtemps. Dans la plupart des domaines la reference est revelatrice : le chef d'Etat (mon-arque) consultant le Conseil nationl, la politique antisemite etc. Par contre, le corporatisme ou la decentralisation le cede a l'etatisme. Nous avons ensuite analyse la presse vichyste qui offre les lieux les plus priviegies des sociabilites intellectulelles ; leFigaro, la Revue universelle, Idees et Demain. Bien que la caractere de ces revues ou journaux est si variee a tel point que, par exemple, le Figaro rejoint finalement le camps de resistants et Idees accueille des articles des collaborationistes parisiens, la divergence au sein de la presse vichyste concerne essentiellement l'attitude a l'egard des allemands, pas du regime de Vichy et surtout pas du Marechal Petain. Il est vrai que l'image de la Revolution nationale chez l'intelligentsia vichyste est si variee qu'elle s'etend de l'utopie medievale a la revolution fasciste. Il n'empeche que tous ces intellectuels partagent une conscience de leur role dans la cite et sont tous d'accord sur la priorite de la formation des hommes -l'education ou les mouvements de jeunesse -pour que la Revolution nationale reussisse. Si tous les intellectuels vichystes que nous avons suivis ont des origins ideolgiques plus ou moins maurrassiennes, leurs convictions out evolue en fonction de la conjoncture. Quant a la continuite depuis les non-conformistes des annees 30, la conjoncture intellectuelle se comprend moins par les idees elles-memes que par les liens qui nouent les intellectuels de droite. Au lieux de simplifier l'ideologies vichyste comme une creuset ou se rassemblent les idees du vaincu, on peut donc mieux comprendre la conjoncture ideologique de Vichy en la mettant sur le champs magnetique de la presse qui s'inscrit dans la continuite de l'histoire.

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