La représentation d’un groupe littéraire bruxellois dans Histoire exécrable d’un héros brabançon de Jean Muno
à la recherche d’une nouvelle « belgitude »
Eiji YAMAUCHI
L’écrivain belge Jean Muno (1924-1988) décrit un groupe littéraire bruxellois de manière ironique dans son roman autobiographique Histoire exécrable d’un héros brabançon (1982).
L’histoire des lettres belges francophones peut être divisée en trois périodes : la « phase centrifuge » (1830-1920) où les écrivains belges s’éloignent de Paris, la « phase centripète » (1920-1960/70) où ceux-ci veulent s’assimiler aux écrivains français, et la « phase dialectique » (1960/70-), synthèse des précédentes. Jean Muno révèle la réalité du milieu littéraire bruxellois de l’époque transitoire entre ces deux dernières phases.
Dans Histoire exécrable d’un héros brabançon, un groupe littéraire appelé « le Cercle » apparaît. Ses membres accordent une importance excessive au « français pur » de Paris et à la reconnaissance dans le milieu littéraire parisien. Cependant, malgré leur abandon volontaire de l’identité belge, les écrivains du Cercle veulent le faire fonctionner comme un groupe évaluant les oeuvres littéraires selon leurs propres critères. Mais sans jugements esthétiques originaux, les membres tombent dans un dilemme et restent ridiculement entre eux.
À la fin, le protagoniste se rend compte que l’ambiguïté de l’identité des écrivains belges est la cause de l’échec du Cercle. Il échange des lettres avec lui-même, ce qui témoigne de la division ou du dédoublement de son identité. L’écriture du protagoniste constitue une nouvelle pratique littéraire qui exprimerait une « belgitude », mot inventé en 1976 par Claude Javeau et Pierre Mertens, soulignant la nécessité de « tenter d’être Belges » en assumant leur incertitude identitaire. Cependant, bien qu’il partageât cette idée, Muno exprima également son hésitation par rapport au changement rapide de la société, nécessairement lié à l’avènement de la « phase dialectique ».
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