Les <<reunions publiques>>, qui jouerent un grand role dans les mouvements d'opposition a la fin du Second Empire, furent aussi le point de depart du mouvement communaliste. L'auteur trouve insuffisantes les etudes faites jusqu'ici sur elles, qui ne s'occupent due des analyses ideologiques des orateurs de ces reunions. Il faut, pour bien saisir la portee de tel mouvement de masse, le replacer dans la vie et la conscience des ouvriers d'alors. La premiere partie de cet article est, donc, consacree aux analyses de la vie et la mentalite de la population parisienne de la fin de l'Empire : il existait alors une sorte de communaute de vie parmi les habitants des quartiers populaires. Bien que cette communaute ne soit pas toujours par elle-meme a l'origine du mouvement populaire, les relations personnelles et les mentalites des habitants qui la constituent, creent <<un monde ouvrier>> autonome au milieu de la societe bourgeoise. C'est dans cette communaute que la tradition revolutionnaire parisienne du 19^e siecle est conservee. Pourtant, en temps ordinaire, cette tradition n'est conservee dans les quartiers populaires que sous diverses formes privees. Dans la seconde partie, le mouvement des <<reunions publiques>> est analyse, d'abord, au point de vue quantitatif : on constate que ce mouvement se concentrait dans les quartiers populaires du centre et du nord-est de Paris, et que c'etait un mouvement de masse, par excellence. Puis les relations entre ces reunions et les habitants sont examinees sous plusieurs aspects : les reunions constituaient, d'abord, une partie ordinaire de la vie quotidienne des ouvriers dans chaque quartier, mais, en meme temps, elles changerent la vie et la conscience des ouvriers dans deux ordres. 1° changement dans les relations personnelles : les reunions etaient le lieu pratique de la democratie directe d'ou naquirent de nouveaux militants. La plupart des futurs militants du Siege et de la Commune entrerent deja en scene au cours de ce mouvement. 2° changement dans la conscience des ouvriers : une vision du monde proprement ouvriere prit corps graduellement au milieu de la masse. Et cette vision du monde etait indissolublement liee, dans la conscience ouvriere, a la tradition revolutionnaire conservee dans les quartiers populaires, qui faisait irruption dans l'ensemble de Paris par les <<reunions publiques>>. Cela explique a la fois la ressemblance apparente des mots utilises entre les radicaux et les ouvriers, et la difference profonde entre eux qui apparaitrait explicitement des la chute de l'ennemi commun, l'Empire. Ainsi, dans les <<reunions publiques>> a la fin du Second Empire, s'amorcait deja le mouvement qui aboutirait a la Commune.
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