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クエリ検索: "出せない手紙"
1件中 1-1の結果を表示しています
  • 岩津 航
    フランス語フランス文学研究
    2003年 83 巻 46-55
    発行日: 2003/10/21
    公開日: 2017/08/11
    ジャーナル フリー
    Le roman epistolaire traditionnel est un roman realiste. II a une valeur documentaire, et celui qui fait le montage, l'≪editeur≫, est omnipresent. Ce realisme reflete la transition qui se produisit, au XVIII^e siecle, du croyable au vraisemblable. La verite est attachee par l'etablissement d'un ordre chronologique et par les signatures des personnages. Les lettres et telegrammes qui apparaissent dans Albertine disparue font preuve par centre d'un desespoir de la communication. On peut relever trois types de fonctionnement temporel de ces lettres. 1) Le retard. La communication ecrite est une communication differee. Ne pouvant pas partager le meme espace-temps que le destinateur, le destinataire lit la lettre en l'absence de son auteur. Le decalage trouve son expression dans l'attente et l'inquietude, sentiments qui regnent dans toute l'oeuvre proustienne. 2) L'incertitude de l'ordre chronologique. Les lettres n'arrivent pas forcement dans l'ordre de l'ecriture. Elles peuvent meme arriver apres la mort du destinateur. Il se peut egalement que le courrier n'arrive pas ou soit adresse a un mauvais destinataire. Cette communication brouillee ou perturbee renvoie a la fragilite du monde ≪objectif≫. 3) Le temps qui aurait pu etre, ou le temps au conditionnel passe. Si le retard et le desordre chronoligique ont lieu sur le plan du ≪recit≫, la relecture des lettres appartient au plan du ≪discours≫. On peut relive une lettre et en degager un nouveau sens, une nouvelle interpretation. L'envoi d'une lettre aussi constitue par lui-meme un message sur le plan performatif. Ces deux sortes de message incitent a parler du monde a l'irreel du passe qui est le monde des possibles. Albertine disparue est le roman de la jalousie et du mensonge que dechaine l'homosexualite probable d'Albertine morte. La lecture des lettres devient alors une metaphore de l'amour. Tant que le narrateur continue sa quete interpretative, elle confirme son attachement a l'etre perdu. Mais l'interpretation ne mene pas a la verite, car ≪on devine en lisant, on cree.≫ Proust rejete ainsi le vraisemblable romanesque epistolaire non pour lui substituer de nouveau le croyable, comme avant le XVIII^e siecle, mais pour faire de la lecture une sorte de creation infinie.
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