HIKAKU BUNGAKU Journal of Comparative Literature
Online ISSN : 2189-6844
Print ISSN : 0440-8039
ISSN-L : 0440-8039
ARTICLES
Thérèse Raquin et la théorie picturale du post-réalisme
Soichiro JITTANI
Author information
JOURNAL FREE ACCESS

2014 Volume 57 Pages 7-21

Details
Abstract

 De nombreux critiques, à commencer par Hippolyte Taine, ont noté la composition solide de Thérèse Raquin (1867) d’Émile Zola. C’est un des traits qui distinguent ce texte de son premier roman La Confession de Claude (1865). Que signifie ce changement dans l’écriture de l’auteur? La question est d’ autant plus importante que, comme le dit Dezalay, Thérèse Raquin marque « le tournant décisif » dans l’itinéraire esthétique et idéologique de Zola.

 Le présent article tente de relire ce roman à l’aune de sa théorie picturale. Si dans ses écrits sur la littérature Zola avance l’idée d’une mimésis méthodique, ses critiques d’art théorisent plutôt la recomposition de ce que l’artiste observe. Nous commençons par analyser son choix théorique en explorant divers discours des années 1860, période du post-réalisme. Le naturalisme en faveur duquel plaide Zola découle de l’héritage du réalisme, mais tente aussi de résoudre le manque de soin formel dont on l’accuse.

 Cette perspective permet de revisiter l’écriture de Thérèse Raquin, trop souvent considérée comme l’expression d’une « aveugle perspicacité ». La théorie picturale de Zola qui privilège l’unité sémiotique du tableau, explique comment il construit l’espace du roman. La recomposition artiste n’est pas contradictoire avec l’observation réaliste. L’œuvre engendre un effet unifié par le fait qu’elle met « chaque détail en avant » comme Zola le dit lui-même dans la préface de la deuxième édition du roman. Avec Thérèse Raquin, Zola semble vouloir établir une alliance entre deux exigences qui, apparemment, s’excluent.

Content from these authors
© 2014 Japan Comparative Literature Association
Next article
feedback
Top