Abstract
En France depuis une dizaine d'années des efforts importants ont été réalisés pour organiser la médiation familiale et promouvoir les médiateurs, justifiés par les transformations de la famille. Cependant, en dépit de ces efforts, le recours à la médiation familiale lors d'un divorce est encore peu développé. Pour comprendre la dissonance entre le discours et la pratique il faut resituer la médiation dans l'espace général de la régulation des conflits familiaux, analyser la structuration et la hiérarchisation de cet espace en fonction des tâches accomplies et des différentes catégories de professionnels ou d'acteurs et étudier les stratégies qui y sont développées. On peut ainsi comprendre pourquoi la médiation familiale a quelque difficulté à trouver sa place, coincée, d'une part, entre l'institution judiciaire et ses professionnels qui occupent une position dominante, d'autre part, par l'intervention sociale ou psychologique classique dont elle cherche à se distancier.
L'émergence de ce nouveau mode de résolution des litiges n'est pas sans poser de problèmes allant de la nouvelle normativité des médiateurs qui les conduit à stigmatiser ceux qui refusent de s'inscrire dans une perspective de négociation des désaccords jusqu'au risque de confusion des rôles que l'inscription de la médiation dans le cadre de la procédure judiciaire peut faire naître.