Philosophy (Tetsugaku)
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Sur l’essence de la chose singulière dans l’Éthique de Spinoza
Autour de la seconde définition de la deuxième partie
Wataru AKIHO
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2016 Volume 2016 Issue 67 Pages 138-152

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Abstract

De nombreux commentateurs interprètent l’essence d’une chose singulière soit comme générale, soit comme singulière, et cela le plus souvent par un choix exclusif. Il reste que leurs interprétations ont en commun de se fonder sur la définition que Spinoza donne d’ « essence » au début de la deuxième partie de l’Éthique. En effet, cette définition est la clef d’une interprétation de l’essence de la chose singulière. Le présent article essaie de comprendre cette essence en examinant la signification et la fonction de la définition spinoziste selon son usage effective dans la chaîne démonstrative.

Spinoza n’utilise cette définition que dans les trois démonstrations de la deuxième partie [E2P10(S), E2P37, E2P49] auxquelles correspondent respectivement les trois moments de l’essence de la chose singulière : généralité, singularité et affirmation. En plus, tous ces moments sont intégrés immédiatement dans la théorie du « conatus » déterminé comme « essence actuelle » de la chose singulière dans la troisième partie.

Nous présenterons notre interprétation de la définition de l’essence ainsi que de l’essence de la chose singulière en examinant ces trois démonstrations de Spinoza. Tout d'abord, sa définition nous permettra de cerner l’essence en tant qu’elle n’appartient qu’à une chose singulière déterminée, et par là, rendra manifeste l’intimité, sinon l’inséparabilité, entre cette essence et la chose à laquelle précisément elle appartient. D’où il suit que l’essence en question doit être en elle-même singulière. Toutefois, nous verrons aussi qu’une sorte de généralité dans l’essence joue un rôle important. Car, si une chose singulière peut être produite par la puissance de la substance et qu’en même temps, elle peut participer à cette puissance, c’est en vertu de sa détermination ontologique et générale en tant que « mode » de la substance. Une fois donnée ou produite, une chose singulière affirme sans cesse l’existence actuelle et en elle-même singulière de son corps, et c’est précisément cette affirmation, qui est à son tour singulière et qu’on appelle le conatus, qui manifeste cette puissance substantielle. Ainsi, nous comprendrons que des interprétations qui prennent l’essence de la chose singulière exclusivement soit pour générale, soit pour singulière échouent à apprécier la véritable ampleur de la théorie spinoziste de l’essence de la chose singulière.

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