Philosophy (Tetsugaku)
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La portée de la théorie du corps humain dans l’ « Abrégé de physique » chez l’Éthique de Spinoza
Autour des concepts d’« individu » et de « forme »
Wataru AKIHO
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2018 Volume 2018 Issue 69 Pages 125-139

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Abstract

Pour différencier le corps humain des autres corps du point de vue de la puissance, Spinoza présente les deux critères suivants : en premier lieu, l’aptitude d’être affecté par plusieurs choses de plusieurs manières en même temps et d’affecter plusieurs choses de plusieurs manières en même temps ; en deuxième lieu, une sorte d’autonomie du corps pour produire ses propres actions ou affections. En quel sens ces deux critères s’appliquent-ils au corps humain ? De quelles affections est-il capable ? Pourquoi, enfin, n’avons-nous de notre corps qu’une idée confuse ? C’est à partir de l’« Abrégé de physique » que Spinoza vient répondre à ces questions. En analysant les deux concepts majeurs de l’« Abrégé », celui d’« individu » et celui de « forme », le présent article a pour but d’expliciter la conception spinoziste du corps humain dans l’Éthique.

Spinoza détermine notre corps comme individu, qui est, selon lui, un corps composé de plusieurs corps de nature différente. Il dit aussi que notre corps a sa propre forme qui n’est rien d’autre que le rapport déterminé de mouvement et de repos que les parties du corps ont entre elles. Nous présenterons notre interprétation comme suit : ce concept spinoziste de forme ou de rapport nous permet de saisir un individu comme tel en le distinguant des autres corps, même dans la relation nécessaire avec eux, et en même temps, il rend possible de penser que l’individu conserve son identité malgré les changements qu’il subit. En outre, nous montrerons que ce concept de rapport doit être entendu comme les lois propres à un individu selon lesquelles il est déterminé à produire ses affections de manière précise et déterminée. Ainsi, le corps humain se différencie des autres corps par la haute complexité de sa composition, et avec cette complexité, il a l’aptitude d’être affecté par plusieurs choses et d’affecter plusieurs choses en même temps.

Mais, parce que les affections de notre corps proviennent de sa nature et en même temps de la nature du corps qui l’affecte, les productions des affections se réalisent suivant les lois générales de mouvement et de repos qui règlent toutes choses sans exception, et par conséquent, elles ne peuvent pas être expliquées entièrement par les uniques lois propres à notre corps. Par là même aussi, l’esprit humain, ne connaissant son corps qu’à travers les idées des affections dont le corps est affecté, n’a de son corps propre qu’une idée tout à fait confuse. Ce qui rend notre esprit capable de former les idées claires et distinctes des choses, c’est un certain degré de l’autonomie de notre corps dans la production des affections.

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