Abstract
La sphère publique, d'après Hannah Arendt, est fondée sur la pluralité et la liberté des hommes qui la partagent. Les hommes y apparaissent par des actions et des paroles, dont le sens propre est jugé par ceux qui partagent la même sphère. La sphère publique, c'est l'espace d'apparition, où le jugement politique a pour objet le sens de ce qui apparaît de particulier dans cette sphère : événement, action, parole, etc. On porte un jugement politique sur le sens propre du particulier sans le subordonner à une règle donnée. La validité de ce jugement dépend de la représentation des perspectives des autres, sans laquelle le jugement ne pourrait pas se faire comprendre par eux. Le jugement politique lui-même est jugé par ceux qui partagent la sphère publique ; cette réciprocité le défend de tomber dans le subjectivisme. Il supporte la sphère publique parce qu'il donne une réalité à l'individualité de l'homme et qu'il est fondé sur la représentation des autres. La sphère publique, supportée par le jugement politique, nous permet d'abord de vivre ensemble sans retomber dans la domination totalitaire et, ensuite, de résister à l'atomisation et à l'uniformisation de la société moderne.