SOCIO-ECONOMIC HISTORY
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Les changements techniques et la formation professionnelle dans I'industrie mecanique parisienne au XIX^e siecle
TOSHIKATSU NAKAJIMA
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JOURNAL OPEN ACCESS

1987 Volume 52 Issue 6 Pages 792-809,860-86

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Abstract

Dans les premieres annees du XIX^e siecle, la technique de fabrication des machines reste rudimentaire; les machines-outils ne sont employees que dans les procedes tres specifiques, alesage de cylindre d'une machine a vapeur par exemple. Les artisans tels que les serruriers, les horlogers, les forgerons et les mouleurs s'occupent donc des travaux essentiels. Dans les annees 1840 et 1850, la construction ferroviaire favorise la croissance des grandes fabriques de machines dans la Region Parisienne. L'augmentation des commandes oblige les constructeurs a introduire les machines-outils (tour parallele, raboteuse, marteau-pilon etc.) et a rationaliser les procedes de fabrication. Ils suppriment le marchandage pour controler directement le lieu de travail; au bureau d'etudes, les gazarts dessinent tous les details d'une machine pour definir le travail de cyaque ouvrier (systeme Houel). Cependant, comme les machines-outils de cette epoque sont peu aptes au travail de precision, les grandes usines doivent toujours employer plusieurs ouvriers de metier. Les grandes usines de la Region Parisienne, contrairement aux etablissements locaux, peuvent recruter librement les ouvriers polyvalents aupres des petits ateliers qui fourmillent dans les quartiers est de Paris. C'est grace a l'abondance des ouvriers de ce genre que les machines francaises(locomotives etc.) peuvent maintenir leur haute qualite et conquerir une part non negligeable du marche international. Mais, dans les annees 1880, la presence des ouvriers de metier, en freinant la diffusion des techniques americaines, fait obstacle au progres de l'industrie. La nouvelle methode de production consiste a employer ststematiquement les machines-outils de precision (fraiseuse, tour a revolver etc.) pour realiser l'interchangeabilite stricte des pieces detachees. Or, comme les ouvriers de lime sont abondants, les constructeurs francais ont peu de motif pour introduire la fraiseuse. A cause de ce retard technique, la competitivite de leurs produits se reduit jusqu'a entrainer la poussee d'importations des machines americaines et allemandes. Pourtant, au tournant de siecle, favorises par l'essor de l'industrie de cycle et d'automobile, les constructeurs de nouvelle generation (centraliens pour la plupart), en repoussant les resistances des ouvriers de metier, prennent des mesures pour reorganiser leurs usines: electrification, introduction systematique de fraiseuses, emploi de l'acier rapide etc. A mesure que la modernisation progresse, le manque des ouvriers professionnels s'aggrave; il s'agit cette fois des ouvriers hautement specialises dans l'operation d'une certaine machine-outil. Pour y porter remede, le syndicat patronal s'efforce d'elargir les cours de soir donnes par les organisations privees de l'enseignement professionnel. Mais c'est seulement en 1919 que la loi d'Astier contraint les patrons a envoyer leurs jeunes ouvriers suivre des cours dans la journee de travail.

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© 1987 The Socio-Economic History Society
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