2015 Volume 49 Issue 1 Pages 43-64
Cet article a pour but de mettre en lumière les effets de sens que les auxiliaires modaux devoir et pouvoir produisent dans des emplois autres que ceux qui leur sont attribués traditionnellement (déontique et épistémique). Parmi ceux-ci, nous avons constaté un emploi aléthique de devoir, dans des phrases telles que Si tu lances une pierre en l'air, elle doit retomber ; ainsi qu'un emploi de pouvoir exprimant la concession, avec par exemple : Je peux être vieux, mais je sais utiliser les réseaux sociaux. Les recherches effectuées jusqu'à présent n'examinent pas suffisamment les actes de langage qui rendent possibles de tels emplois. Les analyses autour de l'auxiliaire modal may en anglais, qui abordent les actes de langage dans des phrases telles que I may be almost 50, but there's not a lot of things I've forgotten, nous offrent toutefois des pistes de réflexion dans la mesure où les emplois de devoir et pouvoir que nous examinons semblent s'en rapprocher. Notre travail a donc consisté à analyser les conditions qui permettent un emploi similaire des auxiliaires français. Nous en avons défini une qui est liée à l'existence d'une proposition acquise, qui peut apparaître soit sous la forme d'un énoncé précédant celui où apparaît l'auxiliaire modal, ou sous la forme du modèle cognitif idéalisé. En ce qui concerne pouvoir, nous arrivons à la conclusion qu'il est nécessaire de prendre en compte l'ensemble de l'expression pouvoir—mais.