Etudes de langue et litterature francaises
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Le haikai comme source de la création des poèmes courts
La réception du haikai chez Paul Claudel
Ryo GAKUTANI
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2024 Volume 124 Pages 75-91

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Le haikai comme source de la création des poèmes courts

La réception du haikai chez Paul Claudel

Ryo GAKUTANI

 

  De La muraille intérieure de Tokyo à Cent phrases pour éventails, on dit que tous les poèmes courts de Paul Claudel composés au Japon ont été influencés par le haikai. Mais il parle assez peu de ce genre poétique qui était très répandu en France pendant les années 1920. Comment Claudel a-t-il appris l’esprit du haikai pour inventer une nouvelle forme poétique inspirée de la poésie japonaise ?

  Le séisme du 1er septembre 1923 a donné à notre poète l’occasion d’écrire un poème court intitulé « La nuit du 1er septembre 1923 entre Tokyo et Yokohama », celui-ci ayant été composé comme « une espèce d’haikai ». Claudel a sans doute essayé d’appliquer la forme du haikai, poème de trois lignes ou de trois « vers », plus précisément, telle qu’elle est définie dans l’Anthologie de la littérature japonaise de Michel Revon qu’il avait lue.

  Dans sa conférence sur la littérature japonaise, Claudel aborde la tradition de la poésie japonaise, dont l’essence est résumée dans la préface du Kokinshu qu’il aimait à citer. Parmi les genres poétiques japonais, cependant, il ne s’intéresse qu’au haikai, et non pas au tanka. Il est assez probable qu’il ait acquis des connaissances sur le haikai à partir de l’ouvrage de Paul-Louis Couchoud, Sages et poètes d’Asie. Couchoud définit la nature de ce genre poétique comme « exclamation » ; Claudel, quant à lui, trouve que l’originalité de la littérature japonaise consiste dans sa qualité émotive, c’est-à-dire l’« exclamation ».

  L’intérêt de Claudel pour le haikai s’associe étroitement aux questions religieuses. Le sentiment respectueux des Japonais à l’égard du surnaturel permet aux artistes japonais de faire subsister toutes les choses naturelles dans leur « essence passagère », dit-il dans sa conférence sur l’âme japonaise. Cela n’est pas indifférent à l’art du haikai qui consiste, selon Couchoud, à fixer la « brièveté de la vie ». Il est indéniable que cette poétique inspire tous les poèmes courts de Cent phrases pour éventails que le poète a essayé de « mêler à l’essaim rituel des haikai ».

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