Etudes de langue et litterature francaises
Online ISSN : 2432-3152
Print ISSN : 0425-4929
ISSN-L : 0425-4929
Etudes en japonais
Le roman-communication : La place du Tour du monde en quatre-vingts jours dans les Voyages extraordinaires de Jules Verne
Masataka ISHIBASHI
Author information
JOURNAL FREE ACCESS

2008 Volume 93 Pages 139-152

Details
Abstract

Les sept premiers romans de la serie des Voyages extraordinaires de Jules Verne se divisent en deux categories incompatibles. Dans la premiere categorie, le titre resume le voyage effectue par les personnages: Cinq semaines en ballon (1863), Les Enfants du capitaine Grant: voyage autour du monde (1865-6), Vingt mille lieues sous les mers: tour du monde sous-marin (1869-70) et Autour de la lune (1869). Tous ces titres decrivent, du point de vue posterieur a l'aventure, le parcours complet d'un itineraire totalisant. Et comme pour souligner cette posteriorite, l'intervention prealable de la volonte des heros est plus ou moins absente ou inefficace. En revanche, les heros des romans classes dans la seconde categorie sont tous bien decides a atteindre une destination particuliere comme le pole Nord ou le centre de la terre; mais leur tentative est vouee a l'echec. Dans les deux cas, un <<tour du monde>> ou un <<point supreme>> represente une totalite a laquelle il est interdit d'acceder directement. Cette rupture entre les deux types resulte d'une contradiction de l'auteur: sa volonte de realiser une totalisation dans le cadre de chaque roman individuel et son angoisse a propos de la science qui le fait hesiter sur la legitimite de son projet ideologique. D'ou l'impossibilite de dire ce qu'il veut faire de son cycle. Or, a cette epoque-la, Jules Verne n'est pas encore arrive a definir son dessein general comme description complete de la Terre. Le merite de ce projet est qu'il permette d'unifier les deux types des premiers romans et de faire de cette angoisse (maintenant ramenee a son siege originel qu'est ce centre invisible nomme France) l'impulsion vers le reste du monde. Le <<lecteur implique>> est incite a trouver dans les romans verniens un moyen quasi transparent de communication. Et c'est evidemment Le Tour du monde en quatre-vingts jours (1872) qui effectue cette unification puisque Phileas Fogg echoue d'abord a son projet et y reussit finalement grace a son erreur involontaire. Nous analyserons le role du <<jour fantome>> dans cette optique et le rapport du roman avec ses deux versions theatrales ecrites respectivement avant et apres la redaction de ce dernier.

Content from these authors
© 2008 La Societe japonaise de langue et litterature francaises
Previous article Next article
feedback
Top