2023 Volume 29 Pages 49-60
Le ballet Le Jeune homme et la mort, composé par Jean Cocteau en 1946, relate le suicide d’un jeune homme, sans en dévoiler la cause. Ce mimodrame s’écarte de la tradition occidentale qui repose sur l’unité rationnelle de l’intrigue théâtrale, liant son début à son milieu et à sa fin. Nous abordons ce drame sous l’angle poétique décrit dans La Difficulté d’être (1947), qui contient un essai sur Le Jeune homme et la mort. La conclusion à laquelle aboutit notre réflexion est que l’occultation de son mobile répond à l’intention de faire du suicide, non pas un acte de « lucidité » susceptible d’être expliqué rationnellement, mais un acte de « folie » déraisonnablement désiré. De plus, Cocteau ne dépeint pas cette folie à travers des mots, mais à travers la chorégraphie de Roland Petit, et expérimente ainsi une nouvelle écriture : une écriture corporelle qui n’est pas destinée à représenter la folie de la jeunesse, mais à éveiller des instincts de folie. C’est la réponse de Cocteau à l’exploration de l’inconscient qui a eu lieu dans la littérature novatrice du XXe siècle.