Abstract
Cet article met en lumière un dilemme chez La Mettrie. Dans l'Homme-machine et Discours sur le Bonheur, un dilemme se pose : faut-il accorder plus d'importance à la délivrance du remords pour les « criminels » ayant agi sans libre arbitre, ou bien à la modération de leur punition ? Ce dilemme résulte du fait que la délivrance du remords et la modération de la punition sont des arguments importants pour La Mettrie, liés à son fatalisme. Ce fatalisme est également lié à l'importance qu'il accorde à la médecine, et la médecine joue un rôle central dans l’élaboration de l’ensemble de sa philosophie. Par rapport à ses contemporains philosophes, La Mettrie se caractérise par une approche centrée sur les problématiques individuelles plutôt que sociales. En s’appuyant sur les savoirs médicaux, il cherche à concevoir un espace de liberté individuelle protégé des formes de répression sociale. Cependant, cela ne signifie pas que La Mettrie n’a jamais discuté l’origine de la société : il lui arrive d'y recourir pour poursuivre ses propres intérêts en tant que médecin. La pensée de La Mettrie a également été fortement influencée par le jansénisme, mais la tension entre la vision pascalienne ou janséniste de l'homme et la vision médicale de l'homme de La Mettrie est suggérée dans l'Homme-machine.