Cet article met en lumière un dilemme chez La Mettrie. Dans l'Homme-machine et Discours sur le Bonheur, un dilemme se pose : faut-il accorder plus d'importance à la délivrance du remords pour les « criminels » ayant agi sans libre arbitre, ou bien à la modération de leur punition ? Ce dilemme résulte du fait que la délivrance du remords et la modération de la punition sont des arguments importants pour La Mettrie, liés à son fatalisme. Ce fatalisme est également lié à l'importance qu'il accorde à la médecine, et la médecine joue un rôle central dans l’élaboration de l’ensemble de sa philosophie. Par rapport à ses contemporains philosophes, La Mettrie se caractérise par une approche centrée sur les problématiques individuelles plutôt que sociales. En s’appuyant sur les savoirs médicaux, il cherche à concevoir un espace de liberté individuelle protégé des formes de répression sociale. Cependant, cela ne signifie pas que La Mettrie n’a jamais discuté l’origine de la société : il lui arrive d'y recourir pour poursuivre ses propres intérêts en tant que médecin. La pensée de La Mettrie a également été fortement influencée par le jansénisme, mais la tension entre la vision pascalienne ou janséniste de l'homme et la vision médicale de l'homme de La Mettrie est suggérée dans l'Homme-machine.

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Depuis le Moyen Âge, la faculté de médecine de Paris occupe un double rôle : celui, bien connu, de formation des médecins, et celui d'organisme consultatif du Royaume de France. Lors de la « querelle de l'inoculation », une des plus grandes controverses médicales de la France du XVIIIe siècle, qui a éclaté autour de l'introduction de cette nouvelle technique de prévention contre la variole, la faculté a assumé le rôle de l'institution médiatrice entre inoculistes et anti-inoculistes. L'arrêt du Parlement de Paris de 1763 a requis l'avis de la Faculté sur le fait de l'inoculation en interdisant provisoirement l'opération dans les villes et les faubourgs. Dès lors, l'Assemblée de la faculté s'est divisée également en deux camps, et les délibérations se sont prolongées jusqu'à l'autorisation royale de l'inoculation à École Militaire en 1768, et les polémiques ont abouti grâce à la mort de Louis XV et l'inoculation de son successeur en 1774. Cet article se concentre sur le processus des discussions dans la faculté que l'on qualifie de « stériles » par les historiens afin de réexaminer cette période des « tribulations des inoculations » à l'aulne des discours institutionnels, et de mettre cette controverse en rapport avec la fondation de la Société royale de médecine（1776）.

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1789 schrieb Georg Forster, dass das Organ Zunge zu „Geschmack und Rede“ in historischer Hinsicht eine Triebfeder sei, die Europäer schon lange zu Bewegung, Handeln, Krieg und Eroberung veranlasst habe. An Forster anknüpfend zielt dieser Aufsatz darauf ab, die gedoppelte Kette der Ideen über Essen im deutschen frühneuzeitlichen ökonomischen Diskurs zu rekonstruieren. Mit der gedoppelten Kette ist einerseits die Lieferkette der Materien selbst, etwa Auster und Stockfisch, und andererseits der Zusammenhang zwischen Kochbüchern, Hausväterliteratur und Lexika sowie Schriften der Gelehrten gemeint. Darin lässt sich eine gewisse Entzauberung des Essens erkennen. In §.1 wird skizzenhaft ein Bild der Doppelkette der historischen Fakten und Kochbücher sowie Materien-Lexika anhand des seit dem 12. Jahrhundert etablierten Fischhandels im Hanseraum und zwischen den deutschen Städten entworfen. Dadurch wird klar, dass es ein dichotomisches Schema beim Zweck von Essen gab: Geschmack und Gesundheit. In §.2 werden einige Schriften, etwa von Paul Jacob Marperger（1656–1730）, Wilhelm von Schröder（1640–1688）, Christian Thomasius（1655–1728）, Teodor Ludwig Lau（1670-1740）im Zusammenhang mit der Kritik an Luxuskonsum im Hinblick auf die Fiskal- und Gesundheitspolitik zu erörtert. Hieran soll gezeigt werden, dass es den Gelehrten letztlich nicht zuletzt um den ethischen Aspekt der Leckereien und anderer Lüste ging. In §.3 wird aufgrund von Christian Wolffs（1679–1754）Diskussion um Essen im Kontext der Diskurse über Gesundheit und astrologisches Weltbild ein Wandel angedeutet, wonach die astrologische und religiöse Lebensordnung der Hausväterliteratur ihre prinzipielle Gültigkeit verlor.

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This paper focuses on Edmund Burke’s use of theatrical rhetoric, particularly in Reflections on the Revolution in France. We examine its analogy he drew between the theatre and society along with his other writings, such as The Reformer, A Philosophical Enquiry into the Origin of Our Ideas of the Sublime and Beautiful, ‘Hints for an Essay on the Drama,’ ‘Speech on Birmingham Playhouse Bill,’ and ‘The Hastings Trial.’ Throughout his life, Burke deeply appreciated the theatre, seeing it as a reflection of manners and as something that, in turn, influenced them. He regarded the theatre as a crucial factor that could shape ordinary people’s moral judgement. Therefore, the theatre is an important vehicle for social improvement. Additionally, Burke considered tragedy to be a genre that deals with the downfall of noble figures and evokes fear and pity. He thought the portrayal of ‘the exalted rank of the persons suffering’ induced in spectators fear rooted in self-preservation, which would create a strong ‘bond of sympathy.’ Burke’s depiction of the nocturnal attack upon Marie Antoinette follows this tragic structure, aiming to provoke physiological responses based on self-preservation among his readers. In other words, his theatrical rhetoric urges them to apply the affectional responses triggered by tragic themes to the judgement of political events.

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Concept-vedette de l’esthétique des Lumières, le « goût » recèle un paradoxe d’ordre physiologique : dans sa quête de délectation, l’homme de goût apprend aussi à discerner les faux agréments, et risque ainsi d’affiner ses déplaisirs. Les philosophes tantôt défendent la compatibilité de la jouissance immersive avec l'examen scrupuleux d’une œuvre（Voltaire et D’Alembert）, tantôt soulignent le conflit fondamental entre ces deux modes de réception（Condillac）. Marmontel dresse un bilan pessimiste de son siècle en affirmant que l’esprit d’analyse a affadi le plaisir du goût ; il encourage néanmoins la démystification par l’analyse pour résister à la « décadence » du goût de la jeune génération, rétive à la critique et disposée à promouvoir un culte du sentiment personnel essentiellement soumis aux modes mondaines. À l’aube du XIXe siècle, Chateaubriand et Germaine de Staël s’écartent de ce dilemme entre l’apathie des raisonneurs et l’orgueil sentimentaliste, en cherchant à revaloriser l’insatisfaction esthétique en elle-même : dorénavant, une œuvre littéraire plaît en exprimant le « dégoût de l’existence » qui caractérise l’individu moderne. Ainsi, « l’homme de goût » cesse d’être un simple lecteur malheureux pour devenir, dans sa quête insatiable, le sujet même de la littérature.

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The modern Enlightenment is often characterized as an opposition to prejudice and superstition; nevertheless, it developed through a complex interplay with esoteric traditions. To illuminate these dimensions of the Enlightenment, this study examines Christian Wolff’s theory of prognostication, with the aim of connecting it to the theory of mantic arts by his pupil, Alexander Gottlieb Baumgarten. In his work German Metaphysics, Wolff asserts that foreknowledge is achieved through a distinct cognition of the “nexus of things.” He further suggests in Commentary on the German Metaphysics that the “art of prognostication,” which is grounded in physics, can be realized if one relies on the concept of “natural signs” instead of astrology. In German Teleology, Wolff expounds on weather prediction based on natural objects and verifies empirical rules, such as proverbs and customs about weather. At the same time, he denounces traditional astrometeorology and the tendency to interpret unusual natural phenomena as ominous signs. Paradoxically, Wolff’s theory may have encouraged Baumgarten to reintroduce astrology and divination into an academic discipline, since Baumgarten sought to incorporate various mantic arts into aesthetics, regarding them as “ars characteristica of prognostics.” Wolff and Baumgarten share a common approach by integrating popular practice of prediction into their philosophical frameworks and grounding their theories in the concept of signs.

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This article analyzes representations of the Welsh people in chapbooks, which were low-priced publications prevalent in eighteenth-century England. After presenting the real conditions of the Welsh immigrants in England and the transition of their images since the Middle Ages, the author examines those chapbooks published in the eighteenth century which included various stereotypes of the Welsh. It is revealed that the representation of the Welsh in chapbooks did not change dramatically throughout the eighteenth century: similar stereotypes, particularly those ridiculing the Welsh, were published repeatedly. Considering the fact that life of the Welsh immigrants varied depending on periods and regions, it can be argued that the representations of the Welsh in chapbooks were not an accurate reflection of the real conditions of the Welsh immigrants in England. This article further elucidates that many of publishers of these chapbooks quitted their business in a few years, and that most of the authors’ names were unknown. Based on the findings, the author concludes that eighteenth-century chapbook publishing was essentially a temporary business intending to make a profit from the growing demand for cheap and ephemeral reading.

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Hiroshi Mizuta began his translation of Thomas Hobbes’s Leviathan in 1945, and the project, comprising four volumes published in the Iwanami Library, was completed in 1992. This monumental task spanned nearly half a century. Mizuta’s translation is noted for its literal accuracy and fidelity to the original text. This precision in translation is inherently linked to an accurate interpretation of the source material, which is to be expected. However, what sets Mizuta’s translation apart is its distinct interpretation of Hobbes within the history of ideas. Mizuta’s reading, which emphasizes Hobbes’ modernity in terms of secularization and the establishment of the individual’s right to self-preservation, continues to have a significant impact beyond what researchers might have anticipated. This essay critically assesses Mizuta’s interpretations within the context of contemporary Hobbesian scholarship and examines the main concepts of Hobbes’ theory, particularly the state of nature and the notion of modernity, and discusses the significance and potential issues of Mizuta’s interpretation.

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Although Hiroshi Mizuta is best known as a leading scholar of Thomas Hobbes and Adam Smith, the best seller of his books was Introduction to Marxism（1966）. It was an impartial commentary on Marxism for the general public at that time. What, then, was Marxism for Mizuta? His understanding of Marx/Marxism changed slightly with the times, and can be divided into three periods. The first period is from the late 1930s to the mid-1950s. Mizuta read several books by the “Koza school” Marxists and became to be a Marxist, rather conformist. The second is until the 1960s, when Mizuta’s original Marxism is established through stay in Scotland during 1954-1956 and in 1959. There he became acquainted with many Marxist historians and economists, followed the internal debate within the British Communist Party, and witnessed the birth of the New Left. Thereby he became keenly aware of the importance of individual subjectivity and democracy. The third is the 1970s and thereafter. In the 1970s, Mizuta was closest to the “Civil Society Marxism” and often made homage to “civil society” in Europe. However, his “civil society” statements gradually came to be apologetic. Nevertheless, he remained a Marxian socialist and a radical democrat until the end of his life.

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Le but de cet article est de faire le point sur les études de l’histoire de la Révolution, de point de vue des paradigmes partagés par les historiens de la Révolution française. Trois paradigmes s’imposent. Le premier paradigme est né de la création de la chaire d'histoire de la Révolution à la Sorbonne sous la Troisième République, qui donna naissance à des études historiques positivistes de la Révolution par des chercheurs ayant une formation spécialisée en histoire. Le second paradigme résulte de l'émergence d'une interprétation qui considérait la Révolution française comme « révolution bourgeoise », représentée par G. Lefebvre et A. Soboul, qui continua à définir les contours des études sur la Révolution jusqu'aux années 1960. Takahashi Kohachiro présenta également sa propre théorie de la révolution bourgeoise, basée sur les études marxistes au Japon. À partir du milieu des années 1950, un débat se développa également pour rejeter empiriquement cette interprétation. Depuis la fin des années 1970, un troisième paradigme fut proposé par F. Furet, L. Hunt et d'autres, selon lesquels le fruit unique de la Révolution française était la création d'une « nouvelle culture politique ». Cet article examine particulièrement l’itinéraire académique de F. Furet, qui le conduit à remettre en question les cadres de pensée des recherches sur la Révolution jusqu'alors, et montre qu'il y avait une rupture dans son interprétation de la Révolution française. Enfin, bien qu'il n'existe pas de paradigme pour guider les études de l'histoire de la Révolution depuis son bicentenaire, quelques esquisses sur leur état actuel sont fournies.

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The aim of this paper is to examine how women thinkers who participated in the ‘French Revolution debate’ in Britain used the word ‘enlighten’ in their political pamphlets and how they, as women, believed they could contribute to the movement it represented. The three women under consideration are Mary Wollstonecraft, Hannah More, and Anna Letitia Barbauld. The first reason for selecting these figures is that they all published political pamphlets for the first time during the French Revolution debate of the 1790s. Discussing politics was undoubtedly challenging for women in 18th-century Britain, but the controversy of the time significantly lowered this barrier. Their writings demonstrate that each of them, as a woman, believed she could bring a unique perspective to the debate. The second reason is that all three used the word ‘enlighten’ in both positive and negative senses within their political arguments, though their interpretations varied. On one hand, each of them understood ‘enlighten’ in a negative sense; on the other, they also saw it in a positive light and acknowledged their respective roles in the movement it signified. By examining this, this paper argues that the French Revolution did not end the Enlightenment in Britain but rather initiated diverse speculations on its meaning.

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À l’Assemblée nationale constituante, Maximilien Robespierre combat toujours pour la cause du peuple. Défendant surtout les hommes faibles et les malheureux, il s’oppose avec acharnement aux distinctions entre citoyens fondées sur la richesse. Il revendique aussi la liberté entière et sans limites de la presse pour que l’opinion publique soit éclairée par le temps et la réflexion. Et pourtant il se démarque des démocrates radicaux qui aspirent à fonder tout de suite une république populaire. Bien qu’il s’en tienne au double principe promulgué dans la Déclaration des droits des hommes et des citoyens : l ’égalité des droits et la souveraineté de la Nation, cet « incorruptible ami du peuple » n'a cependant pas une confiance totale dans le peuple ; « le peuple veut toujours le bien, mais il ne le voit pas toujours ». Alors, par quels moyens tente-t-il, en tant que législateur, de régénérer le peuple? Dans cet article, nous examinons surtout des discours principaux de Robespierre sur la terreur et la fête de l’Être suprême, afin de montrer pourquoi la politique de la terreur exige la célébration de l'Être suprême.

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