Sur la notion de vérité dans l'analytique du pouvoir de Michel Foucault.

La réflexion comme exercice du pouvoir.

Abstract

L'«analytique»du pouvoir présenté par Michel Foucault est souvent interpretée comme«l'intériorisation du regard du pouvoir», qui consiste à automatiser la fonction du pouvoir à l'intérieur du sujet. Mais cette interprétation méconnaît l'essence de l'«analytique» foucaldienne, parce qu'elle ne comprend pas le sens véritable de l'échec de la prison qui annonce l'impossibilité de corriger l'âme du sujet. L'objet du pouvoir disciplinaire ne peut être donc, malgré son but professé, que le corps humain. S'il en est ainsi, comment le savoir des sciences humaine fonctionne-t-il comme un pouvoir?
La reconnaissance de cette impossibilité nous permet de saisir plus clairement la thèse fondementale de l'«analytique»selon laquelle le pouvoir et le savoir sont dans une relation réciproque, selon les trois points de vue suivants. Premièrement, en comparant l'«analytique» du pouvoir avec la théorie de la coupure épistémologique de Louis Althusser, nous constatons une relation étroite entre le pouvoir et la vérité chez Foucault contrairement à la critique de l'idéologie d'Althusser. Deuxièmement, nous considérons le contenu des sciences humaines et de leurs vérités. Quand Foucault insiste sur la relation réciproque du pouvoir et du savoir, il y devine la différence de niveau entre deux savoirs, l'un scientifique et l'autre technique, bien qu'il ne l'indique pas manifestement. Troisièmement, comme la vérité des sciences humaines fonctionne dans la réflexion d'un sujet sur soi-même, la forme du pouvoir détermine aussi le sens et la forme de cette réflexion, ainsi que le mode de relation de soi par soi-même. Voilà un problème central du pouvoir qui définit la«réflexivité». Celle-ci a aussi une liaison étroite avec«l'ontologie historique de nous-même» que traitera«Qu' est-ce que les Lumières?» prononcée la dernière année de sa vie.