Philosophy (Tetsugaku)
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De la philosophie juive à la critique de la philosophie occidentale
Jacob Gordin et le jeune Levinas
Tomokazu BABA
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2012 Volume 2012 Issue 63 Pages 233-248_L13

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Abstract

Levinas est un philosophe d'inspiration juive. Il est connu de tous que la source principale du judaïsme dans son oeuvre est le Talmud. Pourtant, à faire du Talmud l'unique référence des recherches d' inspiration juive de Levinas, on néglige le rôle important qu'a joué Maïmonide—le plus grand philosophe juif de la période médiévale—dans la formation de sa première philosophie.
La présence du «docteur de la Synagogue» dans l'un des écrits des années 30 du jeune Levinas s' explique elle-même par la relation intellectuelle féconde qu' il a entretenue avec son collègue Jacob Gordin. L'influence de ce dernier sur sa pensée apparaît évidente lorsque l'on compare, chez ces deux philosophes, les arguments qui font référence à leur lecture de Maïmonide: l'actualité de la pensée de Maïmonide au temps de la crise en Europe ou la singularité assez forte de sa pensée éthique au sein de l'aristotélisme médiéval par exemple. En outre, le rapport au Dieu qui individualise chaque homme, que Gordin a dégagé du Guide des égarés, se transforme en rapport d'autrui à l'homme chez Levinas.
Par ailleurs, sur ce plan éthique où l'on ne recourt jamais à la méthode de l'analogia entis, Gordin, lui, stimulé par le travail d'Etienne Gilson sur la «philosophie chretienne», semble avoir révé de la possibilité d'une «philosophie juive». L'élan de renouveau de cette philosophie fut donc transmis par Gordin à Levinas et constitua, il nous semble, le premier moteur de sa critique de la «philosophie occidentale» dont le développement atteindra son apogée dans Totalité et infini.

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