Abstract
Dans leurs etudes de l'organisation du travail dans l'industrie francaise de l'entre-deux-guerres, les historiens ont jusqu'a present concentre leurs efforts sur l'introduction du Systeme Taylor et les autres methodes "scientifiques" de controle du travil des ouvries a l'usine, mais traitent rarement des oeuvres sociales realisees alors par les industriel pour leur personnel. Toutefois ces oeuvres sociales dont plusieurs chercheurs ont deja souligne l'importance et le caractere paternaliste typique du partonat francais au XIX^e siecle, se developperent plus que jamais dans l'entre-deux-guerres. L'auteur a donc entrepris detudier dans cet article les services sociaux de ce genre, en prenant comme objet d'etude l'industrie textile du Nord, celle de Lille en particulier, dans les annees 1920. Les patrons du textile lillois qui souffraient alors de penurie de main-d'oeuvre, profiterent des degats causes par la Guerre 1914-1918 pour installer de nouvelles machines dans leurs usines. Mais l'impossibilite de diminuer sensiblement le nombre des travailleurs a l'aide de ces machines, ou de transsformer radicalement l'organisation du travail les contraignait, afin de pallier aux difficultes du recrutement et pour accroitre la production, a renforcer avant tout la surveillance des ouvriers a l'usine. Cela aboutit inevitablement a imposer aux ouvriers un travail de plus en plus dur, et a accroitre la repugnance contre les usines textiles au sein du monde ouvrier. C'est ainsi que tout au long des annees qui suivirent les hostilites avec les Allemands, les industriels du textile lillois durent mettre en oeuvre une politique sociale en visant au recrutement regulier d'une main-d'oeuvre docile et disciplinee. Cette politique sociale partiellement inspiree par les idees paternalistes du XIX^e siecle, fut conduite dans les annees 1920 sur une echelle beaucoup plus grande qu'avant 1914 et consistait surtout en deux activities: la construction ou l'amenagement des logements ouvriers et les services de l'lorganisation patronale, destinee a l'origine a financer le paiement des allocations familiales (Caisses Familiale du Textile de Lille). Les oeuvres sociales contribuerent sans doute a amerioler le bien-etre des familles ouvrieres. Mais en meme temps elles pousserent les ouvriers et leur famille a abandonner les contumes traditionnelles du monde ouvrier souvent incompatibles avec les contraintes de l'industrie moderne, et a mener une vie quotidienne plus saine et plus reguliere, mais davantage soumise au controle de la direction d'entreprise.
