Dans La Méditerranée du crépuscule (Tasogare no chichûkai), qui décrit l’histoire d’un voyage en bateau entre le détroit de Gibraltar et l'Algérie, le narrateur se réfère à plusieurs œuvres musicales. Si, en contemplant le rivage de l’Espagne, le narrateur évoque les impressions qu’il a eues à l’écoute de Don Giovanni et de Carmen, c'est parce qu’il rêve à la liberté de ces protagonistes et qu’il a lui-même voulu se révolter contre une société japonaise traditionnelle qui ne la lui permettaient pas. Pourtant, après avoir quitté l'Espagne, il commence à admirer les arts des Anciens, dont l'ordre et l'harmonie sont toujours intacts depuis des siècles. Il reprendra les mêmes expressions, trois ans plus tard, pour qualifier les cultures traditionnelles du Japon. Nous comprenons donc que Nagai Kafû a caché sa sympathie pour la société traditionelle japonaise. Les paroles du début de la chanson des matelots de Tristan und Isolde de Wagner, également mentionnée dans La Méditerranée du crépuscule (« Vers l’Occident erre le regard ; vers l'Orient file le navire. Frais, le vent souffle vers la terre natale »), révèlent cette ambivalence. En parsemant son texte d’images tirées d’oeuvres musicales, Kafû laisse transparaître les thèmes du conflit intérieur, qu’il évoquera, sous diverses formes, à maintes reprises. Nous pouvons considérer La Méditerranée du crépuscule comme le prélude – dont un des rôles est d’introduire les thèmes principaux dans l’opéra classique – des créations littéraires de Kafû qui vient alors de rentrer au Japon.
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