Le jansénisme fut incontestablement l'un des plus grands problèmes religieux dans la France de l'Ancien Régime, et exerça une influence considérable non seulement sur la religion, mais aussi sur la politique et sur la société, voire sur les moeurs et sur la culture de l'époque. C'est, selon l'avis officiel de l'Église catholique, une doctrine hérétique concernant le rapport de la grâce divine avec le libre arbitre de l'homme. Mais s'il n'y était vraiment question que du seul problème théorique de la théologie, on comprend mal pourquoi le jansénisme devint un mouvement contestataire qui ne cessa de menacer l'État et l'Église de France pendant les XVIIe et XVIIIe siècles, du règne de Louis XIII jusqu'à l'époque révolutionnaire. Il n'est évidemment pas possible dans le cadre du présent article de procéder à une étude globale du sujet, en tenant compte du tout le déroulement du problème janséniste qui s'étend sur plus d'un siècle et demi. Notre propos est de rechercher ce que fut l'affaire janséniste et quels en étaient les véritables enjeux, en nous focalisant sur le premier stade du problème, principalement celui des « cinq Propositions » attribuées à Cornelius Jansénius, qui fut débattu dans les années 1650. Pour anticiper sur les discussions à suivre, disons que ce qui fit l'objet du litige sous le nom de jansénisme ne fut pas simplement une doctrine théologique touchant le rapport de la grâce divine avec la liberté humaine. Certes, elle est à la fois le point de départ et le fondement de la polémique. Mais, parallèlement à cela, il ne faut pas laisser échapper une autre série de problèmes, comme celui de savoir si les décisions de l'Église touchant la foi et la discipline sont infaillibles ou non, ou, celui de savoir quel attitude les membres de cette Église peuvent et doivent prendre, quand il leur arrive d'avoir des doutes sur la vérité de ces décisions, ou encore, quelles mesures l'Église peut et doit prendre à l'égard de tels membres, en un mot, une série de problèmes ecclésiologiques concernant l'infaillibilité et la tolérance. Telles sont les idées qui servent de fil conducteur à notre enquête. Mais il y a aussi un autre sujet à envisager. C'est Pascal et Port-Royal. Ce dernier passa, comme on le sait, pour le foyer du jansénisme et fut à ce titre en butte aux persécutions aussi bien de l'Église que du pouvoir royal. Quant à Blaise Pascal, il fut sympathisant de Port-Royal et joua un rôle crucial dans le mouvement de résistance contre les persécutions à l'égard des jansénistes. C'est lui qui, avec son compagnon de lutte, Antoine Arnauld, inventa une théorie de la tolérance ecclésiastique, en se fondant sur le droit de la conscience.
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