Dans les recherches cinématographiques actuelles, on peut observer une sorte de retour à l’origine. Les travaux concernant le cinéma de la première époque (avant 1914) ne cessent de se multiplier. Un phénomène d’autant plus intéressant que la plupart de ces travaux se servent, directement ou indirectement, des apports de la sémiologie du cinéma afin de montrer que, contrairement à l’avis courant des historiens du cinéma, le cinéma dit “primitif” n’était pas une simple préface, aussi incomplet que négligeable, pour l’art cinématographique tel qu’il s’affirmera après Griffith.
Mais cette démarche ne va pas sans danger. Par exemple, certains considèrent que le style non-continu de ce cinéma constitue comme une formule de “cinéma de déconstruction” avant la lettre. Démarche évidemment abusive, car en traitant des films qui appartiennet à un discours cinématographique déterminé, elle se contente de les interpréter en fonction d’un autre, celui que nous pratiquons aujourd’hui.
Ainsi, dans l’étude du cinéma primitif, on ne peut pas se borner aux seules analyses des films. Il faut aussi examiner les documents écris en vue de reconstituer la véritable topologie du discours cinématographique de l’époque, et partant évaluer sa juste valeur dans l’évolution du discours cinématographique en général. En guise d’une tentative dans cette direction, nous nous proposons d’analyser quelques textes datant de l’époque où le cinéma cherchait son chemin, et en particulier, un texte de Georges Méliès qui, à notre sens, présente une réflexion bien perspicace – quoique instinctive – sur les différentes modalités du fonctionnement du cinéma et leur organisation en un dispositive imaginaire.
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