2024 年 124 巻 p. 93-107
La figure de l’homme ruiné dans L’Herbe de Claude Simon
La prolifération de la pourriture, de la désolation et de l’usure
Naomi YAMASHITA
Le roman L’Herbe publié en 1958, qui précède La Route des Flandres de 1960 qui a fait connaître l’auteur au monde, foisonne d’éléments qui détermineront l’orientation de la littérature ultérieure de Simon, tels les herbes qui prolifèrent sur la terre ; l’image significative de la « ruine » et son analogie avec l’humain. Une comparaison des romans ultérieurs révèle certains motifs caractéristiques communs qui traversent toutes ses œuvres ; l’image expressive de l’esprit désolé et la figure d’homme à l’usure. Ses œuvres sont sous-tendues par cette image distincte qui se dessine en L’Herbe.
Nous examinerons le processus de décomposition, de corruption et de désolation qui se développe à partir de l’expression « corrosion » dans L’Herbe ; on y trouvera une similitude entre les personnages simoniens, les espaces mélancoliques, et les édifices ruinés. La vision du monde de Simon, façonnée après les deux grandes guerres du XXe siècle, part de son scepticisme envers l’anthropocentrisme en cours depuis la Renaissance, en tant que l’inversement de la hiérarchie entre l’homme, la flore et la faune, selon lequel « l’homme n’est qu’une partie du monde naturel ». Les personnages qui ont germé dans L’Herbe, ressemblant à des ruines, sont repris dans les œuvres ultérieures.
L’Herbe est basée sur la famille de Georges, principalement sur la vie d’une vieille femme mourante, de la véritable tante de Simon, dont le récit est décrit vivement en détails. Également, la macro-histoire de l’érosion et de la circulation du temps, de la mémoire, de la vie et de la mort s’entrelace à la micro-histoire des vies des personnages. Il s’agit que la description de cet entrelacement lui-même évoque ce que des herbes indiquent ; la reproduction, la continuité et la prolifération.