Maladie et superstitions
Sur la description des maladies infectieuses aux stades médians de la pandémie
Mana NAITO
Comment envisage-t-on une maladie mortelle propagée dans toute la société, une fois passé l’effarement initial qu’elle provoque ? Pour donner suite à notre précédente étude sur les « Représentations de la maladie comme aspects de la peur » (Études de langue et littérature françaises, nº 121), nous considérons dans le présent article l’évolution de celles-ci aux stades médians de la pandémie, période où la maladie commence à être tolérée dans la société tout en restant cependant une menace à sa survie.
Prenant pour objet d’étude les œuvres considérées comme des classiques de la littérature de la maladie (Defoe, Giono et Camus), voire les plus récentes (Winer et Guibert), notre observation fait ressortir les trois manifestations de superstitions constatées particulièrement à cette phase de l’épidémie :
En premier lieu, nous nous intéressons aux discours sur « les phénomènes astronomiques », notamment les comètes qu’on évoque souvent en tant que présage de catastrophes, et ce en relation avec l’astrologie ancienne qui relie les phénomènes naturels aux événements apocalyptiques survenant dans la société humaine.
En deuxième lieu sont considérées « les légendes urbaines » qui veulent attribuer l’origine de l’épidémie à un acte délibéré commis par un individu ou un ensemble de personnes. En citant plusieurs exemples de cette fausse croyance, de la peste au sida, en passant par « Mary Typhoïde », notre travail prouve leur importance dans l’esprit du public obligé de vivre avec une maladie indicible.
En dernier lieu, notre étude se focalise sur « les remèdes populaires » en opposition aux traitements standards qui se trouvent en état de dysfonctionnement à cause de la pandémie qui ne connaît pas de limites.
Ces résultats de recherches nous permettront de montrer que, face à une crise sans issue comme une maladie mortelle, on recourt à des discours ou des actes superstitieux. Tout en restant basé sur la peur, sentiment essentiel à la survie, ce penchant révèle un cheminement de la mentalité populaire à la recherche des causes de sa détresse, d’une réaction spontanée et émotionnelle vers une réflexion logique, quoiqu’elle semble irrationnelle à nos yeux modernes. Dans cette nouvelle phase, l’écriture de la maladie consiste ainsi en une révélation des rouages psychiques que seule une catastrophe peut laisser paraître.
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