2025 Volume 127 Pages 91-108
Le Petit Prince et le Nouveau Testament
sur l’imagerie animale
Soncho FUJITA
Le Petit Prince entretient des liens profonds avec la Bible, en particulier avec les Évangiles. À la demande de ses éditeurs d’écrire un « conte de Noël », Antoine de Saint-Exupéry a sans doute relu Patachou, Petit Garçon, tout en revisitant les récits évangéliques et en se remémorant les souvenirs des Noëls joyeux de son enfance. Si l’on considère que le drame du Petit Prince s’inspire des Évangiles, cela ouvre de nouvelles perspectives d’interprétation. L’anecdote du « boa » et de l’« éléphant » évoque la visite de la Sainte Vierge Marie à Élisabeth, renforçant ainsi le lien avec Noël. Le « Prince » présente des similitudes avec Jésus, le « Bon Pasteur », et sa dévotion pour la « rose » qu’il a laissée sur sa planète rappelle celle de Jésus, qui se sacrifie comme un agneau. Le « renard » lui enseigne que l’essentiel est de « créer des liens », un concept fondamental dans les dernières œuvres de Saint-Exupéry, qui se manifeste sous différentes formes dans Citadelle, rédigé en parallèle avec Le Petit Prince. Le « nœud divin qui noue les choses » est décrit comme « mille liens tendres dans l’invisible » dans les Reportages, ce qui soulève des interrogations sur les « liens de l’amour » dans le contexte de la foi catholique. Lorsque chaque individu se lie par le « lien de l’amour », l’« un » communique avec le « tout » au sein de ce même « réseau de liens ». La vision du ciel nocturne du Petit Prince, où « tout » est « un », reflète la perception de Saint-Exupéry, vue du sommet de son « esprit ». Cette œuvre pourrait donc être considérée comme son dernier testament, rédigé avec tout son cœur et laissé en héritage à la postérité.