2025 Volume 127 Pages 109-124
Le conflit entre deux consciences de la mort chez Georges Bataille
Sota KOBAYASHI
On sait que la question de la mort constitue l’un des thèmes les plus importants chez Georges Bataille. En effet, depuis l’Histoire de L’Œil (1928) jusqu’à son œuvre finale Les Larmes d’Éros (1961), nombre de ses textes sont profondément liés à ce thème. Les chercheurs ont abordé cette problématique jusqu’à présent sous diverses perspectives, telles que l’angoisse et la joie devant la mort, la conscience déchirée de la « négativité » hégélienne face à la mort ou la distinction entre la « mort physique » et la « mort de la pensée ». Pour notre part, nous nous proposons de dégager de la problématique bataillienne de la mort une double conscience contradictoire qui se résume en ces deux interrogations : d’un côté, la question de savoir si ma propre mort signifie l’anéantissement du « monde » lui-même, ne laissant aucun lieu extérieur pour englober cette mort ; de l’autre, celle de savoir si la mort est un moment précieux qui m’ouvre au « monde ». Ces deux questions traversent l’ensemble de l’œuvre de Bataille. Ainsi donc, notre article vise à mettre en lumière le rapport fécond qu’établissent ces deux consciences opposées de la mort : un rapport qui s’inscrit au cœur même de ses notions majeures, qui sont la « souveraineté », la « communication » et la « mort d’autrui ».