Le passé, le présent et le futur
les tombeaux dans les romans du XIIe siècle
Natsuki MUTO
Aujourd’hui, l’enterrement du défunt dans le tombeau peut suggérer une distance entre le monde du mort et celui du vivant. Or, autrefois, la mort s’apparaissait plutôt comme le prolongement de la vie. Dans cet article, nous analysons plusieurs romans du XIIe siècle afin de mettre en lumière le rôle du tombeau, qui relie le passé, le présent et le futur.
Dans les romans d’antiquité, nous observons les descriptions détaillées du tombeau, souvent présenté comme la merveille du monde. Loin d’être obscur, le tombeau splendide est un ouvrage artistique.
Le tombeau est aussi le lieu qui lie les morts aux vivants. Dans le Roman de Troie, la différenciation des descriptions des tombeaux témoigne du contraste entre les héros grecs et leurs adversaires troyens, que Benoît de Sainte-Maure valorise.
Dans Yonec de Marie de France, la dame révèle à son fils toute la vérité devant le tombeau somptueux de son amant mort. Ce monument permet la succession de génération en génération. Par ailleurs, le tombeau futur de Lancelot anticipe son exploit et le déroulement du récit dans le Chevalier de la Charrette de Chrétien de Troyes.
Ainsi, le tombeau est un espace ouvert pour éterniser le souvenir du mort, et dans lequel celui-ci et les vivants se rejoignent. S’orientant vers le futur, le tombeau détermine le sort des vivants dans les romans.
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