Abstract
Dans Incarnation (2000), Michel Henry analyse la relation à autrui de deux manières. D’un côté, il traite dans le cadre de sa philosophie du corps de la relation érotique, mais celle-ci est vouée à un échec insurmontable, car le désir érotique ne peut pas atteindre le plaisir ou la vie de l’autre. De l’autre, Henry fonde l'expérience d'autrui sur la communauté de la Vie, c'est-à-dire sur le corps mystique du Christ qui permet de comprendre cette expérience dans sa possibilité dernière. Alors, la relation à autrui n'est-elle qu’une possibilité ? Est-ce qu’elle ne se manifeste pas elle-même effectivement ? Cet article essaie de montrer qu'on trouve la manifestation concrète et affective de l'expérience d'autrui dans la relation henryenne de reconnaissance réciproque ou d'amour. Cette relation consiste à aimer « ton prochain comme toi-même » (Rm 13, 9) et à le reconnaître comme le Fils de Dieu dans l’auto-engendrement de la Vie absolue. Elle se manifeste elle-même et rend possible toutes les autres relations à autrui, y compris la relation érotique.