2022 Volume 12 Pages 15-26
Notre article vise à élucider ce à quoi parvient l’analyse de l’ « absolu » dans L’essence de la manifestation, dont le projet philosophique consiste à établir la « duplicité de l’apparaître » en ses deux modes : « transcendance » et « immanence ». La duplicité de l’apparaître signifie non seulement la « distinction » de ces deux modes, mais aussi et surtout leur « hétérogénéité », laquelle permet de les soustraire à leur insertion dans une unité dialectique de type hégélien. L’hétérogénéité entre transcendance et immanence nous conduit alors, par la purification radicale de l’immanence, à la « révélation de l’absolu », privée de toute négativité hégélienne. Sur ce point, nous nous demandons si cette forme d’anti-hégélianisme dont fait preuve Michel Henry ne retourne paradoxalement pas elle-même à la pensée hégélienne qui proposait de comprendre l’infini séparé du fini comme « faux-infini », et ne manquait pas de réduire tout « immédiat » au mouvement dialectique.