抄録
Dans son livre Voir l’invisible, Michel Henry s’appuie sur les écrits de Kandinsky. Or, bien que Kandinsky, ami du grand compositeur Schönberg, voie « les mêmes pouvoirs que ceux de la musique » à l’œuvre dans la peinture, Henry ne parle quant à lui jamais de la musique. L’article vise à élucider ce silence sur la musique, ou ce manque de référence à la musique chez Henry, et suggère qu’un tel « oubli » provient de la structure même de la pensée henryenne. Autrement dit, la triade qui sert ici de titre (« Michel Henry, la Nuit, la Musique ») voudrait suggérer l’alternative puissante et ferme autour de laquelle s’organise son système philosophique : à la façon dont la lumière s’oppose aux ténèbres. Il n’y a pas ici de milieu : ni pianissimo (le « presque rien » pensé par Jankélévitch) ni gris au crépuscule (Klee) qui permette à l’œuvre d’art d’être là tout en se faisant visible. C’est cette absence de milieu qui laisse entendre la raison pour laquelle le mot « silence » n’apparaît pas dans le lexique henryen.