Abstract
Depuis 1883 jusqu'à, 1892 où il a rédigé sa thèse De la division du travail social, Emile Durkheim a écrit environ vingt articles et comptes rendus. Pendant ces années-là, deux grands événements ont eu lieu dans sa vie : ses études en Allemagne en 1886 et sa nomination à l'Université de Bordeaux l'année suivante. C'est sur le premier que nous allons mettre l'accent, car Durkheim s'est initié à cette occasion à la méthode de la science positive de morale avec Wundt et Schaeffle. Par ailleurs, il a observé à cette occasion les méthodes d'enseignement au niveau supérieur outre-Rhin, et l'atomosphére intime des étudiants allemands.
Cette expérience lui a fourni le modèle de la sociologie qui allait naitre en France et l'impression que la vision allemande de la société, favorisant l'unité sociale et la bonne entente parmi ses membres, ne se rapportait pas seulement à des propriétés objectives du corps social mais était aussi enracinee dans l'histoire et dans la mentalité du peuple.
En reconnaissant la fonction unifiante de la morale en allemagne avec l'envie, Durkheim n'a pu s'empêcher de songer à sa patrie, où le développement du sentiment solidaire serait indispensable en dépit d'une très profonde tradition individualiste. C'est pourquoi ses efforts pour établir une science positive de la société se doublent d'un intérét plus pratique : instituer une nouvelle morale universelle fondée sur cette science positive.
Cette attitude de Durkheim était tout à fait de circonstance à l'époque où les républicains triomphants cherchaient à substituer une nouvelle morale laïque aux dogmes religieux.