Cet article poursuit deux objectifs, tout d’abord la recherche des limites de la théorie sociologique de Durkheim ainsi que son application dans la société actuelle, et dans un deuxième temps une réflexion sur la particularité de la discipline sociologique à travers les recherches théoriques de Durkheim. Dans le cadre du premier objectif, nous évoquerons ici la controverse entourant le « culte de l’homme » de Durkheim. Je souhaite soulever quatre problèmes concernant ce débat. (1) Le paradoxe que forme l’institutionnalisation par un État-Nation d’une valeur changeante qu’est la dignité de la personne humaine. (2) La problématique liée au fait que Durkheim ne différencie pas la solidarité exprimée dans le cadre du patriotisme et celle exprimée dans le cadre du cosmopolitisme. (3) Le raisonnement consistant à considérer l’indépendance de la raison comme la valeur de l’humanité entraîne le problème du rejet de la déraison. (4) L’absence de considération sur le « culte positif » et la violence dans le « culte de l’homme » constitue également un problème. Ces quatre « problèmes théoriques » se révèlent être des « problèmes réels » dans le cas de la déprivation de l’humanité. Cela apparaît plus clairement à travers la théorie de l’homo sacer de Agamben ou encore la pensée de Bauman sur les réfugiés. Quant à la particularité de la discipline sociologique, cet article analyse l’importance (1) d’une approche de la réalité sociologique à la fois par la théorie et la pratique, (2) de la poursuite d’une réflexion sur « l’irrationalité», et enfin (3) d’une discussion entre la sociologie et les autres disciplines.
