Abstract
Cette note de recherche constitue une reflexion sur la possibilite du comparatisme, en revenant aux ecrits de Levi-Strauss, notamment a son <<regard eloigne>>, notion-clef exprimant <<la double essence de la reflexion anthropologique>>. Malgre la notoriete du terme <<regard eloigne>>, titre meme d'un recueil paru en 1983, le fait que ce terme vienne de la theorie du No de Zeami est peu connu. Levi-Strauss, en traduisant de facon litterale le terme de Zeami evite de reduire le point de vue de l'observateur a l'objectivite. Pour lui, le point de vue comparatif n'est pas un point de vue objectif. Il ne doit pas etre une position surplombante ou transcendante, permettant de voir la pluralite du monde sous la relativite des valeurs. Le comparatisme concerne tout d'abord une pratique qui ouvre la dimension de la reflexion critique. De meme que l'acteur essaie constamment de prendre une distance par rapport a lui-meme, l'observateur ne peut jamais parvenir a l'objectivite, il ne peut jamais se detacher completement de la particularite d'un milieu. La particularite de chaque culture est incommensurable. Cela n'est pas un obstacle a l'universalisme, c'est plutot une condition de possibilite de l'universalite.