抄録
Maine de Biran n’est pas spiritualiste comme Ravaisson ou Bergson. Il est cartésien en tant qu’il pose le Moi comme premier principe de la philosophie. Pourtant, Biran transforme le Moi de Descartes en lui donnant une nouvelle dimension. 1) Biran insiste sur l’activité du Moi, et refuse le Moi-Substance. Pour lui, le Moi n’est que le vouloir. 2) Son Moi est ouvert partiellement au corps. En résumé, il est identifié à la cause de l’effort.
Le corps chez Biran consiste en deux parties : l’une est présente au Moi, l’autre n’y est pas immédiatement révélée. Notre article se donne pour tâche d’indiquer la contradiction née de la relation entre ces deux parties du corps, non pour critiquer la pensée de Biran, mais pour saisir cette pensée dans son movement propre. Car en abordant ce problème, Biran a défini de façon originale la faculté de réflexion. Selon lui, la réflexion se fonde sur le sens de l’ouïe uni à la voix. Cette thèse confirm seulement le phonologisme traditionnel de la métaphysique, que Derrida critique, mais encore il le met en lumière.
Puis c’est l’imperfection de la position du Moi qui est questionnée par Biran, et cette imperfection le conduit à mettre en rapport la relativité du Moi et la notion d’Absolu, qu’il introduit vers 1812. Notre article s’intéresse donc enfin à cette nouvelle dimension ouverte dans la pensée de Biran.