2022 年 121 巻 p. 37-51
Le «poëme» moderne dans «Malédiction de Cypris» de Théodore de Banville
Tai GOMITA
Dans la préface du Sang de la coupe, Théodore de Banville révèle son intention de trouver « une forme moderne du poëme proprement dit ». « Malédiction de Cypris », selon le poète, en constitue l’essai le plus important. Dans cet article, nous examinerons cette œuvre pour saisir les enjeux que représentent, chez Banville, le « poëme » ainsi que sa « forme moderne ».
À l’époque, le terme « poëme » désignait de longs poèmes narratifs, presque synonyme d’épopée. « Malédiction de Cypris » est également un long poème de 606 vers qui traite de l’apparition de Cypris dans le Paris du XIXe siècle. Le poète y conçoit un espace-temps poétique original où se mêlent passé et présent, la Grèce d’autrefois et le Paris d’aujourd’hui.
Sur le plan formel, « Malédiction de Cypris » est composée de sizains sur deux rimes, alors que le « poëme » traditionnel est le plus souvent écrit en alexandrins à rimes plates. La forme strophique est une caractéristique essentielle de la poésie lyrique, et ce choix, comme Banville l’écrira plus tard à propos du « poëme » dans son Petit Traité de poésie française (1872), témoigne qu’au XIXe siècle, la poésie lyrique s’immerge même dans le « poëme », tout en remplaçant les grands genres du siècle précédent, l’épopée et la tragédie.