抄録
Cet article montre que Généalogie de la psychanalyse d’Henry s’inscrit dans un mouvement visant à déconstruire la psychanalyse ainsi que la pensée occidentale elle-même, et que cette dimension auto-destructive ne se limite pas à cet ouvrage mais qu’elle se trouve aussi dans L’Essence de la manifestation.
En définitive, nous clarifions la différence : bien que la psychanalyse et Henry construisent tous deux le soi intérieur, ils diffèrent dans la manière de l’atteindre. La psychanalyse le constitue à travers des existants concrets, tandis qu’Henry le fonde uniquement sur le sentiment intérieur du soi. Nous analysons ensuite l’unité et la dualité du soi dans ce sentiment intérieur à partir de la tension entre monisme et dualisme qui demeure en suspens dans L’Essence de la manifestation.
Nous avons cherché les points de divergence et de convergence entre Henry et la psychanalyse, afin de ramener la question de l’autodestruction de la vie, telle qu’elle est présentée dans Généalogie de la psychanalyse, au problème du conflit entre le monisme de l’auto-affection solitaire dans L’Essence de la manifestation et le dualisme structurel du visible et de l’invisible. Henry lui-même reconnait l’autodestruction inhérente à l’intensification du lien entre soi et soi. Dès lors, la création et le renforcement de ce lien, qui pourrait conduire à l’anéantissement du soi, constituent précisément la formation du soi intérieur. C’est précisément dans cette précarité que la philosophie de la vie d’Henry et la psychanalyse (ainsi que la pensée occidentale) trouvent leur enjeu commun.