Étant donné que la langue véhicule une culture, le manuel de langue étrangère (LE) reste un médium culturel et sa rédaction locale implique des contraintes géopolitique, didactique et culturelle, dont l’identité culturelle locale. Selon nous, cette identité nous semble inévitable et nécessaire, sinon, on aurait dû utiliser simplement des manuels « universels » rédigés par des natifs. Comment se présente cette identité et quelles sont les stratégies adoptées par l’auteur ? Ces deux interrogations constituent un axe de notre analyse de discours de Le français, un manuel de français fabriqué et largement utilisé en Chine, analyse enracinée dans des théories de la didactologie des langues et des cultures. Grâce aux stratégies de l’auteur, la représentation de l’identité se construit dans les discours au travers d’une valorisation tant explicite qu’implicite comprenant des évaluatifs variables, des procédés divers et des compensations systématiques en cas de dépréciation. L’auteur du manuel, en tant que « super-énonciateur », se sert de différentes stratégies pour dire, faire dire, laisser dire, initier à dire (guider les apprenants à s’exprimer)... afin de renforcer l’attachement des apprenants à l’identité de culture maternelle en enseignant une langue étrangère.