抄録
L’éthique de Levinas se fonde sur le primat de l’idée de l’infini par rapport à celle de la totalité. Selon lui, ces deux idées sont différentes par ce que la totalité est théorétique et l’infini est morale. Ce qui me semble important, c’est que ces deux idées non pas s’opposent mais se posent d’une manière différente. Tous les deux signifient ce qui transcende les donnés partiels. Pourtant l’idée de la totalité se pose par erreur comme Être, et celle de l’infini ne se pose que comme Idée. Ainsi ces deux idées ressemblent à l’idée transcendantale chez Kant. Cette idée transcendantale dans l’utilisation constructive qui suscite des apparences illusoires, équivaut à l’idée de la totalité chez Levinas. Et l’idée transcendantale dans l’utilisation régulatrice qui se montre non pas comme Être mais simplement comme Idée, équivaut à celle de l’infini levinassienne.
Cette distinction de l’idée et de l’Être s’inscrit dans les réflexions levinassiennes sur le temps. D’une part, Levinas réfléchit sur le temps comme relation à l’Être dans ses premières œuvres. C’est le temps immanent et Levinas le nomme〈le temps de l’économie〉. D’autre part, il réfléchit sur le temps comme relation à 1’Idée dans ses œuvres postérieures. C’est le temps transcendant et il le nomme 〈le temps du désir〉 ou 〈Diachronie〉.