Abstract
Signification se conçoit, en général, en tant que l’acception d’un mot. Il en est de même pour les traductions japonaises des œuvres de Levinas dans lesquelles cette notion est traduite par imi ou imi-sayou (acception ou sa fonction). Mais pour Levinas qui affirme que « l'essence du langage est la relation avec Autrui », le fait de signifier n’est pas la fonction du signe saussurien mais le fait de proposer des signes pour Autrui. Toutefois cela n’empêche pas que la signification est toujours acception d’un mot ; Levinas déploie ses réflexions sans dissiper l’équivocité de cette notion – acception et/ou proposition des signes (pour Autrui) – de façon à éviter sa fixation-nominalisation comme acception univoque, qui serait inévitable dans un énoncé déjà posé, et à faire résonner la verbalité de signifier en elle. En refusant l’intuitionnisme de Husserl, Levinas admet « l’antiplatonisme » de Merleau-Ponty qui affirme cette équivocité et la pluralité des langues et des cultures. Pourtant, à la différence de Merleau-Ponty, Levinas insiste sur l’importance de l’orientation « pour Autrui » – sens en tant qu’acception et/ou direction, altérité d’Autrui par rapport à moi – qui surgit dans la rencontre avec Autrui et sans laquelle aucune signification, c’est-à-dire proposition des signes, ne serait possible.