2023 年 122 巻 p. 3-15
La longueur de la traduction
XVIIIe – XIXe siècle
Léo KIKUTA
Chateaubriand a écrit à propos de sa traduction du Paradis perdu de John Milton : « Je ne crois pas que ma traduction soit plus longue que le texte ». Que dire de son attention à la « longueur » de la traduction ?
La traduction par Chateaubriand est fréquemment reprise comme un exemple symbolisant le changement de regard sur la traduction du XVIIIe au XIXe siècle, c’est-à-dire passer des traductions élégantes dites les belles infidèles aux traductions littérales.
Dans la tradition des belles infidèles, la « longueur » était liée à l’esprit du texte original. Comme il s’agissait simplement d’un indicateur pour ne pas devenir un commentaire, les traducteurs ont souvent ressenti le besoin d’allonger ou de resserrer leur texte. Cependant, dès que la nouvelle perspective sur la traduction est apparue, la modification de la « longueur » devient immédiatement comme un signe clair d’une traduction infidèle.
On peut donc dire que la préoccupation de Chateaubriand a les deux significations suivantes. Dans la vision antérieure de la traduction, la longueur était en elle-même un indicateur permettant de savoir si le texte pouvait être considéré comme une traduction ; dans la nouvelle perspective, la longueur était un signe du degré de fidélité à l’original.